Anne Villemin-Sicherman
Le vêtement masculin au 18e siècle
L’habit à la française est l’habit masculin par excellence du 18e siècle. Il se compose d'une veste longue, d'un gilet, d'une culotte qui s'arrête en dessous du genou, et d'une paire de bas de soie.
La veste perd progressivement de son ampleur pour se projeter vers l’arrière. Sous la veste se trouve le gilet, sous le gilet, la chemise avec ses poignets de dentelles qui comporte jusqu'à 3 rangées de dentelle. Une cravate de soie ou de dentelle se noue sous le col.
L'habit est porté par toutes les classes sociales, mais la différence se situe dans la qualité des tissus qui sont de soie brodée pour les plus riches, de gros drap sombre pour les plus simples.
Les élégants peuvent posséder plusieurs centaines de gilets dans leur garde-robe. Non visibles, les manches et le dos du gilet sont coupés dans un matériau moins noble que le devant, qui peut être le support d’une véritable travail d'art à l’aiguille. En ce temps, l’homme porte de plus en plus ses propres cheveux, en bourse ou en catogan, sous un tricorne en castor, demi-castor, feutre ou soie. Les souliers sont toujours à talon rouge pour les nobles, la boucle peut être en or ou en argent.
" Germain se pencha vers son gendre et ajouta à mi-voix en montrant ses apprentis :
— Pour prendre les mesures, en aucune façon je ne puis faire confiance à ces godelureaux ! Il n’y avait que Célia qui fût capable de m’aider !
Les apprentis étaient au nombre de trois dont deux étaient assis sur une vaste table. L’un assemblait un tissu de soie, le second fixait des boutons à un gilet, le troisième repassait à l’envers et àla pattemouille les coutures d’un habit ; il posait son fer refroidi sur le foyer de fers à repasser, pour en prendre un autre plus chaud. Ils étaient de tailles diverses, disposés autour de la paroi brûlante du poêle, et munis d’une poignée de bois.
— Et toi, prends garde de ne pas gâter mon travail avec un fer trop chaud ! lança-t-il à l’adresse du jeune garçon.
— Bien sûr, Maître, j’y veille !"
Chez le tailleur, Un bûcher pour Versailles
G.F.Haendel - Watermusic. PART II : Air-Menuet-Bourrée-etc.
Habit de soie ayant appartenu à Axel de Fersen, ambassadeur de Suède à la Cour de Versailles
Immersion dans le dressing d'un "petit maître"
par Pascale Debert
Le peintre Pierre-Etienne Falconet est le fils du sculpteur réputé Etienne-Maurice Falconet.
Dans les années 1780, de retour à Paris, il n’a plus besoin de peindre. Il vit de de la fortune acquise en Russie par son épouse Marie-Anne Collot et par son père.
Ses loisirs sont variés, il collectionne les armes, les cannes et les bas de soie.
Imprégné par la mode des « macaronis », jeunes anglais accoutrés de vêtements fantaisistes qu’il a connus en Angleterre, Pierre-Etienne ressemble à une gravure de mode.
L’inventaire fait après son décès témoigne de son goût prononcé pour le paraître et pour la mode anglaise qui déferle en France dans les années 1780.
En Angleterre, on les appelle déjà « les dandy », en France, ce sont « les petits-maîtres », un nom qui selon Diderot, a été « donné à la jeunesse ivre de l’amour de soi-même, avantageuse dans ses propos, affectée dans ses manieres, & recherchée dans son ajustement. Quelqu’un a défini le petit-maître, un insecte leger qui brille dans sa parure éphémere, papillonne, & secoue ses aîles poudrées ».