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Le café

Jeanne Bécu, Comtesse du Barry et Zamor lui apportant une tasse de café - Jean-Baptiste-André Gautier d’Agoty

Collections du Château de Versailles

" Ce matin, tout allait dans le mauvais sens. L’ordonnance qui devait réveiller le maréchal s’était rendormie, de sorte que le maréchal d’Armentières avait poursuivi sa nuit plus que de raison. Attendu que la parade des troupes sur la place d’Armes devant le palais du gouvernement ne pouvait pas attendre, Louis de Conflans, marquis d’Armentières n’aurait pas le temps de prendre son déjeuner, et cela lui était insupportable. Il lui fallait son café matinal. Depuis que Louis XV, grand amateur de café, avait rendu cette boisson très en vogue à la Cour, et aimait à se la préparer lui-même, le maréchal s’y était mis également, et avait montré dans les cuisines du palais du gouvernement, comment faire percoler de l’eau chaude dans le café moulu retenu par un filtre. Il avait coutume d’accompagner son café de croûtes dorées appétissantes et beurrées. Ce matin, réveillé trop tardivement, il n’avait pas pu accomplir son cérémonial, et cela le mettait de fort méchante humeur."

Guet-apens rue des Juifs

C'est en 1669, à l'occasion de la visite à Louis XIV de l’ambassadeur de Soliman aga Mustapha, émissaire de Mehmet iV, sultan de l’empire ottoman, que se déclencha l'engouement de l’aristocratie pour le café. On vit à la Cour de Versailles « De jeunes et beaux esclaves, habillés de riches costumes turcs, présentant aux dames de belles serviettes damassées garnies de franges d’or ; ils servaient le café dans des tasses de porcelaine fabriquées au Japon. » Cet évènement marqua la conquête de cette boisson noire, décoction de graines de café torréfiées, sucrée à convenance et servie dans

des pièces de porcelaine chinoise et d’orfèvrerie. Les maisons de café qui ouvrent à Paris dans les années suivantes répondent à l’engouement pour cette boisson énergisante qui stimule l’intellect.

« Point de maison bourgeoise où, à dîner, l’on ne vous présente du café. Point de fille de boutique, de cui-

sinière, de femme de chambre, qui, le matin, ne déjeune avec du café au lait. Ce goût [...] a passé même

jusqu’aux dernières classes du peuple. »

Legrand d’Aussy,  Histoire de la vie privée des Français, depuis l’origine jusqu’à nos jours 1782

Tasse à café et soucoupe, 1776, Porcelaine de Sèvres.
Café du Caveau du Palais-Royal
Sèvres 1770-1775, tasse à café et soucoupe

… De nombreux cafés, comme le Café de Chartres (devenu actuellement, Le grand Véfour), fleurissent sous les arcades du Palais-Royal sous l’Ancien Régime et pendant la Révolution. Le long des galeries pullulent cabinets de lectures, librairies et de nombreuses boutiques.

Un bûcher pour Versailles

" Le café de Chartres tout au fond des jardins, sous la galerie de Beaujolais, venait d’ouvrir quelques semaines auparavant. Il était plein à craquer. L’entrée était ornée de délicates boiseries sculptées. Les jeunes gens se dirigèrent dans l’une des deux salles. Aux murs, les glaces alternaient avec des toiles peintes fixées sous verre, dont les motifs étaient inspirés du style pompéien à la mode. On y voyait gibier, poissons, fleurs et femmes aux paniers fleuris, dont la contemplation était censée ragaillardir la gourmandise des convives.

Le plafond peint, représentant des allégories de femmes, était garni de rosaces et de guirlandes en stuc.

Éléonore était ravie de se mêler à ce monde si différent de celui qu’elle fréquentait habituellement.

Aux tables remplies de passionnés d’échecs ou de dames, on s’invectivait sans aucune gêne. Les clients étaient, soit des joueurs, soit des observateurs, soit des tricheurs. Il y avait aussi tous les oisifs qui s’agglutinaient autour des poêles. Tout ce monde dégageait bruits et odeurs humaines, où celui qui usait de parfums avoisinait le gueux qui portait ses vêtements depuis plusieurs semaines, où le riche beau parleur se mêlait aux grimauds et gâte-papiers qui alimentaient les gazettes en fausses nouvelles ! "

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