Anne Villemin-Sicherman
Germaine de Staël en 1812
par Vladimir Borovikowski
Benjamin Constant
Charles de Villers
En 1803, Germaine de Staël, fille du ministre des Finances de Louis XVI, Jacques Necker, est une femme de lettres de réputation européenne. Elle s’est séparée de son mari, le baron de Staël Holstein, ambassadeur de Suède. La baronne de Staël mène une vie sentimentale agitée et entretient une relation orageuse avec Benjamin Constant, homme politique et écrivain franco-vaudois.
Sous le Consulat de Bonaparte, elle tient un salon à Paris où elle reçoit les intellectuels de tout bord. Elle tente de se rapprocher du Premier consul dont elle aurait rêvé d’être la conseillère. Il la repousse, ayant horreur des femmes qui s’occupent de politique. Déçue, elle devient une opposante libérale, tout comme Benjamin Constant. La publication de son roman « Delphine » qui vante la liberté individuelle, le droit au bonheur, le divorce, les protestants et les Anglais achève d’indisposer Bonaparte à son égard. Il l’exile en 1803. Elle choisit de partir pour l’Allemagne en compagnie de Benjamin Constant.
C’est à ce moment que nous la rencontrons à Metz, sur le chemin de son exil. Charles de Villers, philosophe français émigré en Allemagne, apprécie ce pays dont il chante les louanges dans sa correspondance assidue avec Germaine. Villers, lui, vient de quitter l’Allemagne pour gagner Paris, pour une communication à l’Institut. Il a prévu de s’arrêter à Metz afin de rendre visite à sa sœur. Il est accompagné de la ravissante Dorothea von Rodde, première femme docteur en philosophie. Ils descendent tous dans le même hôtel, l’hôtel de Pont-à-Mousson, place de Chambre, actuel hôtel de la Cathédrale. Rapidement, les relations se tendent et deviennent orageuses entre les deux couples. Une plaque commémore leur séjour.
Germaine, éveillée par Charles de Villers aux beautés de la littérature allemande, écrira plus tard un ouvrage fort remarqué, « De l’Allemagne ». Sa publication en 1812 va ouvrir la voie du romantisme français.
Germaine de Staël meurt en 1817, à l’âge de 51 ans.